vendredi 8 juillet 2016

3 questions à Anto Squizzato

Découvrez son univers pop-constructiviste dans le hall du parc expo !

Quelles techniques utilisez-vous pour réaliser vos œuvres ?
J’utilise des techniques assez variées. Pendant 20 ans, j’ai dirigé une agence de pub, donc j’utilisais beaucoup d’outils technologiques : dessin vectoriel, peinture sur Photoshop, image de synthèse et l’animation. Il y a quatre ans, j’ai décidé de revenir à des choses plus matérielles et à retravailler avec mes mains. J’ai donc quitté la pub pour me consacrer à la création traditionnelle. Je me suis mis à beaucoup dessiner sans technologie. Pour toutes mes œuvres, je travaille sur la lumière, les dégradés, les ombres, etc. Je préfère travailler à l’huile parce que c’est plus sensuel et plus lent, on a le temps de revenir sur les couleurs. Par contre, pour tout ce qui est en aplat et graphique, je travaille à la peinture acrylique. En ce moment, je fais aussi quelques aquarelles, j’expérimente pas mal de choses, je reviens à la technologie, j’hybride. Je maquette certaines choses sur ordinateur, ensuite je peins, je fais des échanges entre le digital et des techniques très classiques.

Parlez-nous de l’affiche du Saveurs Jazz Festival.
L’affiche de cette année est réalisée avec de l’acrylique liquide et de l’encre de Chine. Je me suis inspiré de Jim Flora, artiste américain que j’aime beaucoup, très actif dans l’univers du jazz, directeur artistique de RCA Victor et Columbia Records dans les années 50. Il a fait beaucoup de jaquettes de disques avec du dessin très naïf, mais aussi des livres pour enfants, de la peinture… Cette idée de ne pas avoir de frontières et de s’ouvrir à plusieurs disciplines est intéressante. Pour moi, les jaquettes de Jim Flora comptent parmi les plus belles.

D’autres inspirations ?
Je suis un fan éternel de Paul Klee et de toutes ses théories, lui qui était un musicien de bon niveau et qui avait un rapport particulier avec la musique. Il jouait notamment avec Vassily Kandinsky. Ensemble, ils ont établi des relations entre la musique et le graphisme, la répétition de motifs. Tous deux étaient liés au courant artistique du Bauhaus. J’aime aussi le constructivisme, avec les peintres russes comme Malevitch, qui ont refusé l’art académique pour lui préférer un art très fonctionnel. On retrouve cet élément de manière assez forte dans ce que je fais : j’utilise des formes assez simples, qui ont chacune une fonction. J’ai appelé mon univers le pop-constructivisme, c’est un clin d’œil. Comme eux, je ne voulais pas m’adosser à un mouvement. Aujourd’hui, on aime vraiment vous mettre dans des cases. Moi qui sortais d’un univers d’entreprise ou on mettait les gens dans des cases, je ne voulais plus ça. J’ai donc décidé de créer mon mon pop-constructivisme en piochant dans toutes ces influences : le constructivisme, le dadaïsme, le Bahaus, mais aussi la culture graphique et les mouvements punk, le do it yourself, et la culture pixel. D’ailleurs, petit, j’ai commencé à dessiner des jeux vidéo en pixel art. Ado, je passais mes nuits sur mes tout premiers ordis à dessiner des petits bonshommes en pixels. J’ai dessiné d’abord sur ordinateur avant de dessiner sur papier.

Êtes-vous musicien ?
Non, enfin je suis un mauvais musicien, parce que j’ai toujours joué avec des séquenceurs, des machines. Par contre, je travaille sur pas mal de projets de jaquettes avec des labels de disque, que j’ai connus par le biais des jeux vidéo. Je m’intéresse particulièrement à la chiptune, genre musical qui rappelle la musique de game boy. Je participe également à un label malouin spécialisé dans le post-rock, et à un netlabel scandinave qui œuvre dans l’univers de la musique atmosphérique, minimaliste.

Attendez-vous un concert en particulier ?

Pas vraiment, je suis venu au dernier moment. Quand je fais les affiches, je travaille souvent avec de fausses programmations car les artistes ne sont pas encore annoncés. Mais j’ai écouté Avishai Cohen, j’ai trouvé ça très bien donc j’irai sûrement le voir !

Hélène R.
Photos © Jean Thévenoux

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